1796 Fête de la Victoire – Conseil de 500
Séance de 7 floréal
Géricault Life
Fête des Victoires au Champ de Mars, 10 Prairial An 4, (detail), Girardet et Berthaux, 1798. Image courtesy of the Musée Carnavalet.
1796 Festival of Victory – Seance of 7 Floréal, an IV
The significance of the Festival of Victories of 1796 to Théodore Géricault and his art is unclear. Théodore was approaching his 5th birthday when the festival was held in cantons across France that spring. Years later, Théodore Géricault served in the Paris militia in 1814, along with other artists. Géricault also served in the King’s Musketeers of Louis XVIII after that, before quitting his regiment in the fall of 1815 during the aftermath of Napoléon’s 100 days. Géricault’s first Salon piece in 1812 was, of course, the military subject we know as the Charging Chasseur. France was at war for all but two years of the first two decades of Géricault’s life. The artist likely developed his early love of horses and martial virtues, in part, at France’s military festivals like the Fête de Victoires et de la Reconnoissance, as this festival was called in 1796.
Very little seems to have been written about the Festival of Victories of 1796, until now, despite the wide coverage the festival received in the French press before and after the celebration. Girardet and Berthaux’s engraving above of 1798, is perhaps the most familiar reference to the Festival of Victories for people today.
I believe, however, that Théodore Géricault very likely attended this festival with his family in Paris or Rouen. For this reason and others, we will examine this festival as it was discussed and first proposed in April, 1796, in some detail.
We begin with a transcription of the debate in the Council of 500 on 7 floréal, an IV, (April 26, 1796) published in the Gazette Nationale of May 1, 1796, which led to the creation of the Fête des Victoires. We note that during this initial discussion no date was set for the festival, or suggested by any present.
Séance de 7 Floréal An 4
The decision to celebrate the national festival of Victory (Fête de la Victoire) in the late spring of 1796 emerged from a dicussion among legislators Pierre Guyomard (also Pierre Guyomar), Gustave Doulcet (1764-1848, also Le Doulcet Pontécoulant), Francois Antoine Daubermesnil (1748-1802, also D’Aubermesnil) and Louis Jacques Savary (1755-1831) in the séance of 7 floréal, an IV, (26 April 1796) of the Council of 500, one the two legislative bodies formed under the new French constitution in 1795.
Discussion begins with Pierre Guyomard complaining that more must be done to drum up support for the government. Guyomard’s argues that a ‘bulletin’ to combat naysayers is the solution. Raising money for France’s wars while reforming France’s economy were the most pressing problems the nation faced. Doulcet responds against the idea of a bulletin. The president then turns to Daubermesnil, who speaks for a time and then invites his collegue Savary to conclude.
GAZETTE NATIONALE, ou LE MONITEUR UNIVERSEL. n° 222. Duodi, 12 floréal, l’an 4 de la République Française une et indivisible. (d 1 mai 1796, vieux style.) Conseil de Cinq-Cents Séance du 7 Floréal, an 4 (26 Mai 1796)
Guyomard “Le 5 ventôse, je demandais le rapport de la commission chargée de vous présenter vues sur le bulletin de correspondance. Vous ordonnâtes qu’il vous ferait présenté; deux mois sont écoulés depuis et je pense aujourd’hui comme alors, qu’il est impolitique et surtout dangereux de laisser la masse de la Nation dans l’ignorance de vos efforts pour assurer son bonheur. Les ennemis de la liberté, beaucoup plus actifs dans leurs correspondance, sement aujourd’hui par-tout la calomnie contre le directoire exécutif et le corps législatif.”
“Ainsi les comités de gouvernement furent attaqués nagueres, et les cris de vive la Convention! (mais jamais vive la République!) retentissaiens encore lorsque les hypocrites ‘ami’, de sa justice et de son humanité, vinrent lui en témoigner leur reconnaissance à coups de fusil, le 13 vendemiaire. A cette époque, on avait perverti l’opinion, étouffé l’esprit public. C’est à vous de rassumer cet esprit public, sans lequel il n’y a ni bon systême de finances, ni République.”
“En effet, l’égoïsme prend bientôt la place du civisme; l’intérêt privé l’emporte sur la chose publique; alors l’homme qui ne voit plus que sa famille, oublie bientôt, qu’elle n’est qu’une très-petite fraction de la grande famille des Français. Les charmes de la fraternité nationale, l’enthusiasme de l’égalité, de la liberté, les doux noms de patrie, de cités sont traités de chimeres révolutionnaires par les contre révolutionnaires. N’oubliez surtout pas que la proscription des noms de patriotes, de citoyens, suit de très-près la proscription des personnes. Qui n’en convient? témoins les cantons influencés par MM. les émigrés rentrés, et par MM. les prêtres réfractaires, aux ordres d’un monseigneur rentré ou non.”
“Tels sont les cathéchiseurs catholico-royaux; notre devoir, à mon avis est de faire entendre aux hommes égarés le dogme de la souveraineté du peuple, de défendre les droits sacrés de l’humanité, si cruellement outrages par les anarchistes et les royalistes, de rallier enfin tous les Français contre ces bêtes feroces altérées du sang humain; notre devoir encore est de rendre familiers aux hommes peu instruits (et le nombre en est grand) les principes de la constitution française, unique point de ralliement et de salut pour tous les défenseurs de la sûreté des personnes et des propriétes. Cette vérité, et bien d’autres de ce genre, pourraient être développées avec avantage dans un bulletin de correspondance.”
“Oui, je suis convaincu que le salut de la Patrie commande ces fraternelles communications, ces intentions paternelles qui maintiendront la confiance, éclaireront et dirigeront l’opinion publique pervertie par tous les démoraliseurs. Jadis, au nom de la liberté, les companies Marat égorgerent; ensuite au nom de l’humanité et de la justice, les compagnies de Jésus et du Soleil égorgerent même les suspects de républicanisme, au nom d’un Dieu et d’un roi; enfin au nom de la contre-révolution et de l’infernal égoïsme, des compagnies de filoux, de vampires, ruinent les corps politique, et les agioteurs honnêtes gens avilissent et accaparent un papier-monnaie dont nous ne pouvons nous passer. Vous aviez ordonné l’envoi d’une adresse instructive au Peuple, il n’en est plus question: vous avez ordonné quelque fois pour son instruction des impressions et des affiches; le dernier est le message du directoire exécutif sur les brillantes victoires d’Italie, telle est la réponse dé à faire à ceux qui prétendent que vous devez rester isolés du Peuple que vous représentez.”
“Quant aux bases du bulletin, il faut qu’elles soient posées par le conseil des cinq cents, approvées par le conseil des anciens; l’exécution ne pourrait-elle pas être mise sous la surveillance des commissaires des deux conseils reunis aux archives. c’est ce qu’il s’agit d’examiner enfin ou de rejeter, lorsque la commission nous aura présenté des vues. Je demande qu’elle fasse son rapport demain.”
Doulcet: “Si la discussion s’établit sur la proposition de Guyomard, je demande à parler contre l’établissement d’un bulletin.”
Le président: “Daubermesnil a la parole au nom d’une commission, pour un rapport sur les moyens de relever l’esprit public.”
Le conseil donne la parole à Daubermesnil.
Daubermesnil: “Représentans du Peuple, votre commission pénétrée de l’importance du travail que vous lui avez confiée, s’occupait avec assiduité des institutions sociales à donner à la grande nation qui les attend; elle ne voulait vous en occuper que lorsqu’elle aurait pu vous présentes un plan general dont l’ensemble eut rempli le but que vous vous proposez. Mais les cris de triomphe ont retenti du sommet des Alpes dans cette enceinte; et si le respect pour la constitution à suspendu le témoignage des sentimens qu’ils ont fait naître; les cœurs n’en ont pas moins ressenti les plus vives émotions au récit de ces brillans succès, dont le Français a contracté l’heureuse habitude, votre commission a cru ne pouvoir differer d’un moment à vous présenter un travail séparé pour celebrer la gloire des défenseurs de la Patrie; et c’est sans aucun regret, qu’elle se voit forcée de distraire du plan général le travail particulier qui concerne la fête de la victoire: il n’est plus possible de l’ajourne, lorsque les armées de la République la mettent en permanence.”
Quel sujet pourriez-vous choisir qui convint mieux à la situation présent des esprits? Par quelle tête plus intéressante voudriez-vous ouvrir le temple de vos solennités? Peut-il être une que fit plus d’impression que celle qui, présentant à la reconnaissance des citoyens dont le courage et l’intrépidité assurent leur repos, les appelle par leurs interêts les plus chers et les plus pressans.”
“Oui sans doute, vous le penserez comme moi; parmi les objets qui doivent réveiller ou maintenir l’enthousiaseme d’un Peuple libre, aucun n’atteint plus surement le but que le spectacles des victoires que l’entêtement de ses ennemis l’oblige de remporter. Et quel Peuple, dans un aussi court espace de tems, agité par des orages si mulitipliés, si terribles, a signalé la conquête de sa liberté par le plus grands succès! Il faut que les talisman qui les rétrace, et dont l’effet est si puissant sur les Français, brille à tous les yeux, imprime un long et glorieux souvenir.”
“Et pour vous convaincre de la nécessité de cette mesure, considérez, législateurs, combien de communes de la République ignoreraient pendant longtems encore, et le courage des guerriers français, et les résultats de leurs efforts; dans combien d’autres, la malveillance atténtuerait les avantages qui résultent de la victoire. Mais une fête est ordonnée, elle approche: il n’est plus possible de diminuer la grandeur du succès ni la perte de l’ennemi, et l’allégresse monte avec la nouvelle sur le rocher escarpé, descend avec elle dans le vallon solitaire; le patriote tressailait; le malveillant, l’ennemi secret frémit, et, tapi dans sa demeure, y cache sa tristesse dénaturée.”
“Que les despotes, après quelque avantage, envoient au général, à quelques officiers privilégiés, un beau cordon de soie rouge, vert ou bleu, l’ordre de Marie-Thérèse, de Saint-Maurice ou de la Jarretiere: vous, représentans d’un Peuple de héros, vous accorderez au soldat qui s’est distingué, à l’officier qui aura fait une action d’éclat, l’honneur d’être présentés à la reconnaissance publique; une feuille de laurier, l’insertion de leur nom dans les chants civiques, la transmission de leur action à la postérité, voilà la seule récompense qu’ils ambitionnent, la seule digne d’eux, et que vous saurez départir sans la prodiguer. Vous allez récompenser l’armée entiere et le brave et modeste général qui la commandait, en ordonnant qu’une fête sera célébrée dans toute la République, depuis la plus petite commune jusqu’à la plus populeuse, dans l’armée et dans le détachement, sur l’escadre, ainsi que sur la frégate isolée, en mémoire des victoires éclatantes par lesquelles l’armée d’Italie vient d’ouvrir de la campagne.”
“Leurs fatigues inconcevables, leurs longues privations, leurs peines, leurs dangers seront oubliés, lorsque réunis de cœur à tous leurs frères, ils entonneront, le même jour, à la même heure, les chants de triomphe qui célébreront leurs efforts et leurs succès; lorsqu’ils sauront qu’ils sont en ce moment le sujet d’une fête de joie dans toute la République, ils ne se rappeleront plus leurs soufrances, leurs sacrifices: car quels travaux ne sont pas supporter, quels perils ne sont pas braver les transports d’une Patrie reconnaissante?”
“Quelle est l’armée qui ne brûlera du desir de donner lieu à une pareille fête, d’apprendre que la représentation nationale a prononcé: ‘La fête de la victoire sera célébrée dans toute la République, pour consacrer le souvenir de celle que telle armée vient d’obtenir?’ Ces paroles seront le signal d’une nouvelle victoire; et les chants de triomphe retentissant des Alpes aux Pyrénées, de l’Adge aux bouches du Rhin, du bord de la Seine aux rives soumises du Pô, lanceront la terreur et l’épouvante dans les armées ennemis, et seront le présage de leurs défaites: elles se succéderont; d’autres armées fourniront le sujet de pareilles fêtes: les augures sont favorables, et ceux qui naissent du courage du Français ne trompent jamais.”
“En donnant aux armées ce témoignage consolant de la reconnaissance de la Patrie, vous voudrez encore accorder un prix à la valeur, une récompense à l’heroïsme du guerrier dont l’action méritera la célébrité. Ah! sans doute, quand les Français combattent, il n’en est aucun qui ne fasse des prodiges de courage que le tumulte et le bruit d’une bataille dérobent aux hommages publics: mais il est des soldats due des circonstances heureuses ont favorisés en les mettant en évidence, dont l’action plus hardie a frappé par ses details ou ses resultats. Tel est Juban, sergent-major, qui malgré le plomb meurtrier qui pleuvait a tour de lui, brise une arche d’un pont qu’il était essentiel de rendre impracticable, et se précipite dans le fleuve avec les debris pour rejoindre ses camarades. Tel fut Rampon, et les brigades qu’il commandait, aflai?s dans la redoute de Montenotte par un ennemi dix fois supérieur en nombre, ils font sur leurs canons serment à la Patrie de s’ensevelir sous les retranchemens plutôt que de les abandonner. La Patrie a entendu ce serment, braves soldats de 21e, 70e et 99e demi-brigades; et ce trait ne sera pas perdu pour l’éducation de ses enfans, elle le transmettra comme exemple de votre amour pour elle et de votre intrépidité.”
“Vous croirez convenable Législateurs, d’ordonner que ce trait sera gravé, pour être envoyé aux administrations, aux armées, à chacun des bataillons qui defendirent la redoute, et qu’ils y conservé comme un monument de valeur; vous voudrez que la comme où naquit l’homme qui enflamma les soldats de ce feu sacré qui fixe la victoire, que son père ou son frère en reçoivent aussi.”
“Vous desirez fortement que le chaleur du corps politique se sonserve: eh bien, il faut que l’enthousiasme entre par tous les pores, pénetre par tous les sens, embrâse toutes les ames, et les maintienne dans cette unité de sentimens et d’opinions qui dans les beaux jours de la révolution, ne présentait, dans la grande famille française, qu’un Peuple de frères.”
“Pour parvenir à ce but sulime, il faut que vous soyez fecondés; il faut que tous les arts, tous les talens, se rappellent leur antique origine, leur destination première. Les Bardes sacres depuis Tyrtée et Ossian jusqu’à l’hymne des Marseillais; les peintres depuis Apelle jusqu’au tableau des Horaces, out du serment du jeu de Paume; le musicien, depuis Orphée jusqu’à celui qui fait retentir le chant du départ, ont dû sentir, aux inspirations de la divinite qui fatiguait leur ame, que leurs chants, leurs pinceaux, leur lyre s’appartiennent à la Patrie, au courage, et ne doivent célébrer que la magnanimté la vertu et les actions héroïques dignes de la vénération de la postérite.”
“La jour destiné pour solenniser cet événément, il faut que le son des inferamens guerriers qui conduisement le Français au combat, retentisle jusques dans la plus petite commune de la République. A ce bruit je vois le lâche se cacher. Tu fais, homme vil et lache qui, sous l’habit rustique que sition? simulée pour un service que tu ne fais pas. ne traîne que le corps tremblant d’un riche esclave et d’un poltron? Rassures-toi; ces cons guerriers ne t’appllent plus; ils n’annoncent pas le voisinage de l’ennemi ou le moment du combat, nos valeureux frères ont su ‘en garantir; ces sons annoncent notre joie et leur gloire. Leur gloire! quel nom viens-tu d’entendre? Ah! fuis, cache dans la poussiere ton front flétri; ses rayons blesseraient tes yeux, et, malgré toi, te feraient baisser la paupiere. D’ailleurs, de quel droit te présenterais-tu, toi qui, sourd à la voix de ta mère, dont tes barbares complices venaient déchirer le sein, abandonnas tes frères à la dévastation, aux flammes, à la mort? Eloigne-toi, tu deshonorerais une fête à laquelle tu ne peux prendre aucune part. Vous ne permetrez pas qu’il en approche, Législateurs, en attendant la fétrissure plus longue que vous imprimerez sur son front, à moins qu’un retour tardif à son devoir ne le rappelle à ses drapeaux, qu’il n’aurait jamais dû abandonner.”
Et vous, honorables victimes de la liberté, soldats blessés en défendant sa cause, vous tous amans de la Patrie, amenez vos enfans: une fête simple et majestueuse vous appelle; l’encens de la reconnaissance fume sur l’autel de la Patrie, des boucliers suspendus autour des guirlandes de laurier retracent à vous yeux l’action courageuse de votre frère, de votre ami. Vous allez entendre le récit des combats, les détails de l’action et ses suites heureuses.”
“Ecoutez ce qu’a fait ce bon labourer, naguère appuyé sur le soc de la charrue, défendant aujourd’hui les champs qu’il fécondait autrefois; jouissez de la gloire de vos défenseurs, que leurs noms volent en ce moment sur toutes les bouches, que la France s’enivre de la gloire de ses enfans. La peintre a retracé leur courage, elle en dépose le monument dans le sein des administrations: c’est-là que l’enfant viendra lire le nom et les hauts faits des héros; c’est là que leur ame s’impreignera de l’amour de la Patrie et du goût des vertus; c’est-là que les républicains viendront de préférence chercher les prénoms de leurs enfans: ils les nommeront Juban, Mirabel, Dugommier, Dougados, Rampon ou Bonnel. Et ton nom, où sera-t-il, être pusillanime? Après une longue et inutile vie, il descendra sans gloire avec tois dans le tombeau: tes enfans le chercheront en vain dans cette longue série de héros, ils rougiront de porter un nom que le burin de la Patrie n’aura jamais gravé, et qui n’a laisse aucune trace sur laquelle son souvenir puisse favorablement se fixer.”
“Et vous que le plomb meurtrier, que le fer ennemi a frappés en défendant courageusement les postes confiés à votre valeur, à votre fidélité, non, vous ne mourrez pas: la plus brillante partie de vous vit encore; vos noms, votre dévoument, vivront à jamais. O toi qui, blessé du coup mortel, semblable à ce guerrier thébain, n’étais occupé, ne t’informais que de la gloire de l’armée, Dego est-il repris? Oui, brave républicain, il est repris: emportes avec toi cette consolation si douce à ton cœur; emportes avec toi les regrets de ton jeune général, de tes compagnons d’armes et de tes concitoyens; les chants de victoire t’accompagneront et porteront à la postérité tes dernieres parbles? général, Dego est-il repris? Poetes sacrés, peintres célebres; vous l’avez entendu, et vous ne l’oublierez pas, le mot sublime de ce heros mourant, qui ne nous laisse rien envier aux tems héroîques de l’antiquité. Et vous, Quenin, Bonnel, vous que j’ai vus au-delà des Pyrénées conduire nos phalanges dans les plaines de Lampourdan contre un ennemi qui ne devait pas le devenir, contre ses armées que nous combattions à regret; vous tous, guerriers de tous les grades, la France l’ordonne, la gloire est là; elle vous connaît, et portera vos noms à l’immortalité; la Patrie versera des armes sur vos tombeaux, et les mains des jeune françaises couvriront vos urnes de lauriers et de cyprès.”
“Citoyens législateurs, aucun être n’assistera de sang-froid à une pareille fête, ou l’histoire de tous les tems nous aurait trompés, ou l’étude la plus approfondie du cœur humain ne donnerait que de fausses notions.”
“Mais non, vous atteindrez le but que doit se proposer le législateur d’un Peuple libre pour le conduire à la hauteur où l’appellent ses destinées; après ces momens, des effeims de jeunes héros voleront, en chantant les hymnes de la victoire, venger leurs frères et partager la gloire des vainqueurs.”
“C’est pour arriver à des résultats aussi intéressans que votre commission générales, et que notre collégue Savary est chargé de vous présenter, avec un aperçu plus rapide, le projet de-résolution.”
Savary “Les cris de la victoire se sont fut entendre dans cette enceinte, déjà ils ont retenti dans toute la République, ils appellent le Peuple à célébrer par une fête nationale les triomphes et la gloire de ses défenseurs; secondez aujourd’hui ces mouvemens généraux, ces elans sublimes de la liberté terrassant à ses pieds ses nombreaux ennemis, et que les noms de nos guerriers vainqueurs, chantes par des républicains, et répétés mille fois des Alpes aux bouches du Rhin, aillent éprouvanter des despotes armés contre nous.”
“A peine la campaign est ouverte, et déjà deux lois annoncent que l’armée d’Italie ne cesse de bien mériter de la Patrie; déjà elle s’est signalée par deux victoires éclatantes. Quel doit être l’étonnement de ces Peuples, accoutumés à ramper sous la verge des rois, lorsqu’ils apprendront que l’armée d’Italie, éprouvée long-tems par les besoins, les privations, réduite à son courage seul, a franchi, dans un instant, des obstacles presq’insurmontables, a jetté la terreur, l’épouvante et la mort, dans les rangs des ennemis, a renversé leurs nombreuses phalanges; lorsqu’ils apprendront qu’une partie de l’armée austro-sarde, ses généraux, son artillerie, ses drapeaux, ses magasins, sont tombés au pouvoir de nos guerriers. Quel est donc, s’écrieront-ils, le dieu qui anime ces héros! … ce dieu! il vous est étranger; c’est celui de la liberté! … Si vous voulez éprouver ai? leurs sa puissance, transportez-vous sur le Rhin, interrogez ces armées qui affranchirent la Hollande et la Belgique du joug de vos rois, vous y retrouverez les mêmes hommes qui, le 20 germinal, pressés par vos colonnes dix fois plus nombreuses, juraient, au milieu du feu, de plus nombreuses, juraient, au milieu de feu, de s’ensevelir dans Montenotte plutôt que d’abandonner ce poste; vous y retrouverez encore ces mêmes hommes qui, le 24 et le 25, a Millesimo, ont accordé la vie à 8 à 9000 de vos soldats prisonniers; vous les retrouverez parmi tous les républicains, le même dieu les anime.”
“Représentans, vous voulez la République, vous voulez la paix, vous avez manifesté vos intentions à cet égard; eh bien, la paix et la République, nous devrons à nos armées le bonheur d’en jouir. La République existe, bientôt vous aurez la paix; bientôt ces rois coalisés qui, dans leurs fureurs, se plaisent à rougir du sang de leurs stipendiés les eaux du Rhin et du Pô; ce ministre dont l’or et la scélératesse ont tourné contre vous vos propres enfans, ce ministere qui foudoie, qui arme contre la République la race impie des émigrés, qui envoie ses agens dans vos poîts pour les incendier, qui cherche à détruie vos finances par sa fausse monnaie, qui fourit aux brigands les plus infâmes, s’ils se montrent partisans de la royauté, qui veut dominer sur les mers comme en Angleterre; qui, se jouant de ses voisins, ne semble les coresser que pour envahir leurs possessions: qui trompe, ruine et avilit sa nation; qui étend sur elle les fers du despotisme; qui éloigne la paix pour prolonger son pouvoir absolu; bientôt, dis-je, ces dominateurs des hommes reconnaîtront que le Peuple Français n’aura pas juré en vain de se créer un gouvernement républicain… La paix! vous la commanderez à vos ennemis; et puisqu’il leur faut encore du sant et des victimes, puisqu’il ne nous est pas encore permis de poser nos armes sur l’autel de la Patrie, que tous les Français fixent leurs regards sur l’armée d’Italie; qu’ils célebrent ses victoires; qu’ils juren avec les guerriers de Montenotte d’être vainqueurs et libres; qu’ils se levent tous en armes; s’il est nécesssaire; qu’ils aillent, affrontant les périls, dicter la paix aux puissances coalisées, et que cette campagne soit la dernière de laliberté contre l’orgueil impuissant des rois.”
“Soldats de la Patrie, vous l’entendez ce vœu, il est dans vos cœurs, il vous devancera dans les combats, et bientôt vous reviendrez couverts de gloire, jouir des douceurs du repos et de l’estime de vos concitoyens.”
“Mais cette gloire fait aussi celle de Peuple dont vous défendez les droits, et vos triomphes fixeront au milieu de nous la liberté, la paix et le bonheur. Le Peuple n’attend que le signal de ses législateurs pour se réunir à la fête de la victoire, comme vous volez aux combats au signal de vos chefs.”
“Déjà le genie de la poésie enflamme les chantres de la liberté; le dieu de la musique module ses accords touchans, le pinceau retrace sur la toile les vertus de nos guerriers, tandis que le burin les grave sur le cuivre, et l’histoire un jour apprendra à nos neveux que la liberté enfanta des prodigues.”
“Représentans, votre commission a entendu les cris de la victoire, et elle a pensé quelle devait vous proposer de marquer par une fête particuliere, l’époque de l’ouverture de la campaigne en Italie. Avec quel plaisir vous paraîtrez à cette fête, enfans de la Patrie, vous qui brûlez déjà du desir de marcher sur les traces de vos aînés; vieillards qui vous applaudissez de compter vos fils parmi les vainqueurs des rois, vous qui répandez des larmes d’attendrissement au bruit de leus exploits, vous entendrez répéter avec enthousiasme des nos noms chers au Peuple Français; et vous que le sort des combats à réduits à l’impossibilité de poursuivre votre glorieuse carriere, vous dont les honorables cicatrices annoncent les services que vous avez rendus, soldats, vous partagerez parmi nous la gloire de vos frères aux armées. Magistrats du Peuple! c’est à vous que la loi confie le soin de célébrer les vertus de nos guerriers; mais souvenez-vous que la fête des héros ne doit pas être profanée par la présence de ces êtres ingrats ou faIbles, qui ne connaissent ni gloire ni Patrie. Ah! sans doute leurs parens gémiront de ne pas compter leurs fils au nombre des vainqueurs de Gemmappe, de Fleurus, de Millesimo. A la paix, la République récompensera ses guerriers, la Nation entiere consacrera leurs actions par des monumens qui les transmettront à l’admiration de la postérité; mais les noms de ces enfans ingrats qui ont méconnu la voix de la Patrie, resteront ignorés et s’enséveliront avec eux.”
“Représentans, votre commission n’a pas cru qu’il fût digne du corps législatif d’arrêter ses regards sur cette tourbe intensée à qui la République déplait par ton ou par habitude, sur ces heros de théâtre qui trouveraient plus commode de ramper trouvent dans une République, ils ne sauraient s’élever au-dessus du mépris, et s’ils s’écartent des devoirs de la société, la loi est là pour les atteindre.”
Le rapporteur présente un projet de résolution, dont le conseil ordonne l’impression, ainsi que du discours de Daubermesil.
La séance est levée.
Commentary
The discussions in the Council of 500 on 7 floréal, an IV, about the challenges facing France in the spring of 1796 are illuminating and serve as an excellent foundation for further investigations of the civic festivals in the spring, summer, and fall the same year. This period is historically important in its own right, as well as a crucial stage in Théodore Géricault’s young life.
Fear and frustration is clearly present in the debates in the Council of 500, as is the recognition that a “bulletin” from the government isn’t likely to have much healing impact on the divisions within France.
Daubermesnil and Savary clearly saw a new Festival of Victories as the means by which France could invigorate and unify all various parties in France, celebrating military victories over enemy armies with an optimistic eye on more of the same to come. The council agreed. Optimism and unity were exactly what was required if France hoped to move forward and fashion a more effective form of governance. The government held a similar Festival of Victory in October, 1794 for slightly less urgent reasons.
We turn now to the salient details of the discussion which might have affected Théodore Géricault. As a child, Théodore, obviously, was quite unaware of the debate. Nonetheless, as a child, his reaction to the fête was very much in the minds of Daubermesnil and Savary. Indeed, children play an integral role in Daubermesnil’s argument. Painting, story-telling, and the arts also figure prominently.
Amenez vos enfants – ‘Bring your children! (to the festival)’, exhorts Daubermesnil. ‘Consider what we are building, name your children after our heros. Aspire to be such a hero. Do not disappoint your children and children to come. And any Frenchman can be such a hero.’
Avec quel plaisir vous paraîtrez à cette fête, enfans de la Patrie! Savary expands the definition of children, calling his audience of men “children of the nation.” When Guymard speaks of France as a family, he seems to speak only of a family permanently divided, locked in struggles with no mention of children, or of a future filled with hope.
Déjà le genie de la poésie enflamme les chantres de la liberté; le dieu de la musique module ses accords touchans, le pinceau retrace sur la toile les vertus de nos guerriers, tandis que le burin les grave sur le cuivre, et l’histoire un jour apprendra à nos neveux que la liberté enfanta des prodigues. Savary makes clear the inspirational role liberty has upon poetry, music, painting, and engraving, suggesting that a dynamic participatory event that the people can engage in and experience through the senses will have a more lasting impact on the people during this period of crisis, and in the future.
Savary and Daubermesnil also speak of struggles, but clearly believe that families celebrating France’s recent victories in Italy together as one family will actually unify the French people more into a family. And, to a degree, that certainly seems to have been what happened – the entire French nation could take pride in the country’s military successes. What role the civic festivals actually played in such an outcome is, of course, a different question.
Conclusion
The national civic festivals sanctioned by the constiution of 1795 made scheduling this new Festival of Victories in the spring of 1796 a challenge. The Fête de la Victoire, envisioned by Daubermesnil and Savary in the séance of 7 Floréal evolved into something different, new kind of festival – fused with the first Fête de la Reconnoissance post 1795, held on 10 Prairial, an IV (29 May 1796. We discuss these Fêtes de la Reconnoissance et des Victoires, the notion of ‘recognition, understanding, and appreciation’ built into the word reconnaissance, and the impact of this new festival on Théodore Géricault and others elsewhere in this issue.